Pour des Etats généraux de la formation supérieure

 

Coup d’œil sur une partie du commentaire de Fathi Derder, publié dans le quotidien « Le Temps » le 4 septembre 2012 (Le texte complet disponible sur le site www.letemps.ch)

Le Conseil National va aborder le sujet des FRI (formation, recherche et innovation), et son financement qui fait débat, lors de la première semaine de la session d’automne qui débute lundi 10 septembre. Si « tout le monde » soutient ces trois thèmes plutôt louables, personne ou presque n’est prêt à confier une enveloppe budgétaire digne de répondre aux besoins réels. La rigueur budgétaire et le système « anachronique » d’aide aux étudiants doivent être revus et corrigés afin d’atteindre un bon équilibre dans le domaine de la formation supérieure. C’est pourquoi, le conseiller national PLR, Fathi Derder encourage à ouvrir le débat et aller de l’avant en organisant des Etats généraux.

 

 

 

Tout le monde défend la formation supérieure, mais de facto la coordination fait défaut entre les moyens dévolus aux universités et à la recherche, les taxes d’études et le système des bourses. Il est temps de penser globalement ce secteur vital pour l’avenir de la Suisse.

 

A Berne, tout le monde aime la formation, la recherche et l’innovation (FRI). C’est comme le bonheur, personne n’est contre. Mais passé les politesses d’usage, un constat s’impose: le débat sur le financement et l’aide à la formation est au point mort. Sans vision globale, sans ambition, victime du dogme des uns et du populisme des autres. Le sujet est pourtant essentiel à l’avenir du pays.

 

D’abord quelques faits, sur le financement du secteur. L’enveloppe actuellement en débat au Parlement dans le «message FRI» est insuffisante. Le Conseil fédéral, tétanisé par la crise de la dette et le frein à l’endettement, propose une croissance de 2% par an en 2013 et 2014. Alors que les étudiants sont toujours plus nombreux, en hausse de plus de 20% entre 2008 et 2016, certaines écoles parlent de réduire leurs effectifs: ce serait gravissime pour un pays dont la matière première est la matière grise.

 

La rigueur budgétaire ne doit pas saborder le pays: en période de crise, nous devons précisément investir dans les secteurs qui font notre force. D’autant plus que les finances de la Confédération sont saines. Nous abordons le sujet la semaine prochaine au National: il est impératif de corriger le tir.

 

La question de l’aide aux étudiants est d’ailleurs l’autre question cruciale de la rentrée politique et universitaire. Depuis longtemps, tout le monde s’accorde à dire qu’il y a un problème. Mais personne ne fait rien. Seule à s’agiter, l’Union des étudiants de Suisse (UNES) a déposé une initiative populaire pour donner à la Confédération les compétences en la matière: elle a raison. Le fédéralisme pousse parfois à l’égoïsme, les disparités cantonales sont énormes, et l’accord intercantonal en cours ne règle qu’une partie des problèmes. Les bourses d’études sont, et doivent être, un sujet fédéral. Mais l’initiative de l’UNES va trop loin: elle veut, par exemple, inscrire dans la Constitution une aide garantissant un niveau de vie minimal à un étudiant pendant toute la durée d’une première formation tertiaire. Une rente, en somme. Alors que la même UNES veut supprimer les taxes. En résumé: entre des bourses élevées et des taxes nulles, les études ne coûteraient plus rien. On pourra même toucher un salaire pour aller à l’EPFL. Absurde!

 

Ces initiatives ont toutefois un mérite: elles secouent une classe politique incapable d’aborder la question cruciale du financement de la formation tertiaire dans son ensemble, dans sa réalité complexe. C’est le moment, faisons-le. Mais sans dogmatisme, ni populisme. Les cadeaux de la gauche ne sont pas une solution: la gratuité et la rente tuent l’excellence. Tandis qu’à droite, on s’accroche à la rigueur budgétaire, sans vraiment faire de proposition. Et puis, le plus grave: chacun traite les sujets séparément. Or, bourses et taxes sont liées. Les frais de scolarité et l’aide aux étudiants font partie d’un même ensemble, pour lequel il faut trouver un savant équilibre.

 

Trouvons le bon équilibre. La qualité des études a un coût. Les taxes peuvent être élevées sans qu’on crie au scandale. Il est d’ailleurs logique que le futur médecin ou avocat participe davantage aux frais de ses études que le contribuable peintre en bâtiment. Augmentons les taxes, donc, s’il le faut. Même fortement. Mais à une condition: le système de formation doit rester accessible à tous. Cette augmentation doit être accompagnée d’un vrai système de bourses d’études, et d’autres formes d’aide, comme des prêts sans intérêts, des aides au logement, ou autres.

 

Allons de l’avant: trouvons de nouvelles pistes. Il faut sortir de l’impasse. Prenons de la hauteur, identifions des solutions d’avenir. En résumé: ouvrons un grand débat sur la formation, l’aide publique, le financement. Créons des Etats généraux de la formation tertiaire. Objectif: l’accès aux études pour tous, mais en exigeant l’excellence.