L'achat du Gripen: une pièce de théâtre en cinq actes

 

écrit par Corina Eichenberger, Conseillère nationale AG

Eichenberger-Corina

Le récit suivant est une pièce de théâtre qui a duré six ans et dont le thème est l'achat de nouveaux avions de chasse. De longues péripéties semblent avoir été nécessaires pour garantir le remplacement correct des Tiger existants – à des conditions raisonnables, cela va de soi. En effet, une force aérienne solide est incontournable pour la Suisse, ne serait-ce que pour la protection de son espace aérien.

 

 

 

Acte 1: Gripen vs Eurofighter vs Rafale

La pièce de théâtre commence en 2007 avec le lancement du projet «Remplacement partiel du Tiger», savamment médiatisé par le conseiller fédéral Ueli Maurer. Il fallait alors choisir entre l'Eurofighter Typhoon – un produit commun de la Grande Bretagne, de l'Italie, de l'Allemagne et de l'Espagne –, le Dassault Rafale – la réponse des Français à l'Eurofighter – ainsi que le Saab JAS 39 Gripen, un avion de chasse multi-rôle de fabrication suédoise.

 

Acte 2: la recherche d'accords transparents

En novembre 2011, le Conseil fédéral décide d'acheter 22 avions du type Saab Gripen pour un montant de 3 milliards de francs. C'est à ce moment-là que la pièce de théâtre atteint son paroxysme: le DDPS aurait occulté des informations décisives. Voyant la sécurité de la Suisse compromise en l'absence d'un contrat professionnel, le PLR exige une prise de position sur ces accusations. Contrairement aux idées reçues, l'attitude de mon parti n'a jamais changé: le DDPS doit conclure des accords transparents avec la Suède au sujet de l'acquisition du Gripen.

 

Acte 3: avion en papier ou jet de combat?

La pièce de théâtre atteint son apogée médiatique en mai 2012. Après des vols d'essai effectués en Suède, les critiques sont en effet de plus en plus nombreuses. Ce sont alors les risques techniques du Gripen qui sont montrés du doigt. En septembre, les présidents des partis bourgeois PDC, PBD et Vert'libéraux soutiennent les exigences du PLR et demandent au Conseil fédéral de donner des réponses satisfaisantes et contraignantes à 36 questions liées à l'achat de l'avion de combat suédois.

 

Acte 4: la dernière chance

A la demande du PLR, la Commission de politique de sécurité du Conseil national décide de suspendre les négociations au printemps 2013. Elle permet ainsi au DDPS d'améliorer les conditions du contrat. Aux yeux du PLR, quatre conditions étaient ici essentielles. C'est la raison pour laquelle j'ai formulé une demande correspondante au sein de la commission. Celle-ci devait inclure:

- des sanctions ou

- un droit de rétraction en cas de non-respect du contrat de vente ou d'une livraison retardée des avions,

- l'examen annuel de l'avancée du projet, ainsi que

- le traitement détaillé de l'achat et le respect de conditions contractuelles.

Ce n'est que si ces conditions sont remplies que le peuple se montrera favorable à ces accords en cas de votation.

 

Acte 5: OUI au Gripen!

Un contrat raisonnable semble avoir été établi. Grâce à la pression exercée par le PLR, les négociations ultérieures ont pu être menées avec succès. Comme c'est souvent le cas pour ce genre de contrats, la Suisse bénéficie des mêmes conditions contractuelles que la Suède en matière de peines conventionnelles et de droit de rétraction. Par le biais de la mise en œuvre des quatre garanties exigées par le PLR, l'achat des avions de chasse peut désormais être voté. Le contrat d'achat devrait être approuvé par le Parlement lors de sa session d'automne.

 

Mais le rideau n'est pas encore tombé: la gauche et les Verts ont menacé de saisir un référendum contre l'achat du Gripen. Que le peuple soit souverain et prenne la décision ultime me semble légitime. Je fais confiance aux citoyens suisses qui prendront la bonne décision quant à la sécurité de notre espace aérien et se montreront favorables à l'achat de ces avions de chasse. Il semblerait donc que la fin de la pièce de théâtre sur le Gripen touche bientôt à sa fin: tout est bien qui finit bien.