La préférence indigène respecte doublement la volonté populaire

 

Par Petra Goessi, présidente & conseillère nationale (SZ)

 20160525

La décision de la Commission des institutions politiques du Conseil national (CIP-N) concernant la mise en œuvre de l’initiative contre l’immigration de masse a fait des vagues. L’UDC s’est empressée de faire entendre son mécontentement en parlant de violation de la Constitution. Elle a également fait des exigences, qui témoignent plutôt de la jalousie plutôt que de l’objectivité.

 

 


L’initiative exige que la Suisse puisse maîtriser de manière indépendante l’immigration. Le PLR a clairement expliqué dès le départ que les plafonds et les contingents ne présentaient pas de solution viable. Une grande majorité de la CIP-N partageait également cette position car si les contingents sont trop hauts, alors nous ne prenons pas en compte la volonté populaire. A l’opposé, des contingents trop restrictifs sont en revanche nuisibles pour l’économie. Dans tous les cas, la mise en place de contingents va à l’encontre de l’accord pour la libre circulation des personnes. Ce qui pourrait, dans le pire des cas, mener à la suppression des accords bilatéraux. Les conséquences économiques, politiques et sociales seraient considérables.


C’est exactement à ce niveau que l’on constate une contradiction entre l’argumentaire des initiants et le texte de l’initiative : ils prétendent que les mesures pour limiter l’immigration doivent être mises en œuvre sans péjorer l’économie. Cependant, les contingents demandés s’opposent à cette exigence, étant donné qu’il n’est pas possible de mettre en œuvre l’initiative avec des contingents sans nuire à l’économie. Les entreprises suisses perdraient ainsi l’accès à la main d’œuvre qualifiée étrangère. Cela est toxique pour l’innovation. Une suppression des accords bilatéraux n’est pas une option pour le PLR, notamment parce que les citoyens ont exprimé à plusieurs reprises leur soutien aux accords bilatéraux. Par conséquent, les contingents vont à l’encontre de la volonté populaire.

 

Le PLR a proposé au début de l’année une alternative : la préférence indigène. D’une part, ces mesures pour le marché de travail permettent de réduire l’immigration. En effet, si le potentiel de main d’œuvre indigène est mieux utilisé, alors il sera moins nécessaire de recruter à l’étranger. De plus, la préférence indigène est compatible avec les accords bilatéraux. En adéquation avec notre concept de migration « Ferme mais juste », nous exigeons des mesures supplémentaires pour la réduction de l’immigration, comme dans le domaine des Etats tiers. Certes, la préférence indigène n’est pas une mise en œuvre à la lettre du texte de l’initiative. Néanmoins, elle garantit l’objectif premier des initiants et de la majorité de la population : une réduction de l’immigration. La préférence indigène également prend en compte la volonté populaire, qui est de conserver de bonnes relations bilatérales avec l’UE. Ainsi, nous respectons doublement la volonté populaire.