La crise du Covid-19 démontre l’importance du frein à l’endettement

Aujourd’hui, le frein à l'endettement permet à la Suisse de se donner les moyens d’affronter la crise et de débloquer une aide rapide en faveur de ceux qui en ont urgemment besoin. La rigueur respectée jusqu’à présent est à saluer. Mais gouverner, c’est prévoir et demain cet instrument seul ne suffira pas à rembourser les lourdes dettes générées par la crise du Covid-19.  Non seulement il ne faudra pas céder aux attaques permanentes de ceux qui veulent alourdir le budget de l’État, mais il sera de surcroît indispensable de prévoir le développement du frein aux dépenses pour éviter que la génération suivante n’hérite de nos dettes.  

Si le soutien de la Confédération est absolument nécessaire pour maintenir les emplois dans le cadre de la crise du Covid-19, il ne fait aucun doute qu’il fera aussi peser un lourd fardeau sur les finances publiques.  Ueli Maurer, le ministre des finances, prévoit un déficit de CHF 30 à 40 milliards pour l’exercice 2020. Selon lui, le total des aides de la Confédération s'élèvera même à CHF 70-80 milliards dans le pire des cas.

En comparaison internationale, la Suisse se trouve toujours dans une situation financière relativement bonne, et ce grâce au frein à l’endettement qui nous contraint à une rigueur budgétaire depuis les années 1990. Nous sommes parvenus à réduire peu à peu nos dettes et même à constituer des réserves. La crise du Covid-19 vient jouer les trouble-fêtes et les réserves fondent comme neige au soleil.

Pourquoi cette rigueur financière est si importante ?

Parce que rien n’est jamais acquis et face à ce genre de crise, un État se doit d’avoir les moyens de tenir la barre et de traverser la tempête. Si nous avions suivi ceux qui veulent augmenter les dépenses publiques, les bénéfices auraient été redépensés, la dette se serait creusée, et nous n’aurions pas eu de réserves pour faire face à cette crise. Aujourd’hui, l’importance de cette rigueur financière est incontestable et il est plus que jamais indispensable de continuer à développer le frein à l’endettement si nous voulons être prêts à faire face à la prochaine crise de la même manière tout en remboursant les dettes contractées.

Un État svelte mais solide

La leçon est rude mais l’expérience doit nous renforcer et nous permettre de faire les bons choix à l’avenir. Vu qu’il n’est pas souhaitable de couper dans les dépenses publiques durant la crise, tout l’enjeu est de réussir à limiter les dépenses superflues lorsque tout va bien afin de s’assurer que le bateau soit capable d’affronter la tempête lorsque celle-ci arrivera : un État svelte mais solide. Il nous appartient désormais de prendre des mesures pour que nos finances fédérales nous permettent d’affronter la tempête sans craindre d’alourdir le fardeau des prochaines générations.

Un frein aux dépenses courantes limité dans le temps

Pour sortir de cette crise sans laisser de lourdes dettes aux générations futures, l’État doit lui aussi participer à l’effort. Une option à envisager est l’introduction d’un frein aux dépenses courantes durant une période limitée. Cette mesure obligerait l’État à freiner l’évolution constante des dépenses courantes, notamment en préférant les transferts de personnel à l’interne plutôt que des engagements, lors de suppressions ou de créations de postes.

 

 

 

 

Réexamen des tâches axé sur l’avenir

 

La crise a forcé de nombreuses entreprises à revoir leur organisation et à se concentrer sur les tâches essentielles ; cela est aussi valable pour l’administration publique. Pour ne pas charger inutilement le budget public, il est nécessaire de faire rapidement une analyse des tâches et des dépenses courantes en tenant compte de ce nouveau contexte, afin d’optimiser ce qui peut l’être et de couper les dépenses devenues superflues.

 

Pour revenir à des finances publiques saines, certains principes doivent pouvoir nous guider:

  • Egalité de traitement : chaque secteur des finances fédérales doit faire l’objet d’une analyse par principe d’égalité ;
  • Pragmatisme : les allègements doivent être ciblés et une attention particulière doit être portée sur les domaines dans lesquels les objectifs manquent de clarté ou les domaines dans lesquels la croissance des dépenses a été la plus forte ;
  • Encouragement à la reprise : tout investissement générant une valeur ajoutée à moyen terme doit être maintenu, voire accéléré.

Ce ne sont là que quelques pistes et le travail est immense, mais chaque effort comptera pour surmonter cette période et pour s’armer en prévision des défis à venir. 

Johanna Gapany