Dans son Politblog du 7 octobre, le journaliste du Tages-Anzeiger David Schaffner reproche au PLR non seulement que la «cohésion» est apolitique du point de vue de son contenu, mais qu'elle se limite également à un slogan de campagne destiné à alimenter la tendance de la «sharing economy». Pour illustrer ses propos, il établit une étrange comparaison entre la cohésion et l'économie du partage, en utilisant notamment les exemples d'Uber et d'Airbnb. Une mise en relation qui me paraît pour le moins floue. Mais passons à la définition réelle de la cohésion. La cohésion désigne le sens de la communauté. Pour le PLR, cela signifie, sur le fond, que nous aimons la Suisse et que nous voulons la façonner ensemble et de manière constructive, contrairement aux éternels pessimistes, diviseurs et amateurs de problèmes.
Par ailleurs – et même si cela peut sembler paradoxal, la cohésion sous-entend la responsabilité individuelle de chacun. Pour vivre sa liberté, il faut aussi répondre des conséquences de ses actes et ne pas reléguer la responsabilité à la communauté.
La cohésion va également de pair avec un engagement pour la communauté. Celui-ci va de la vie de famille à l'engagement associatif, en passant par le voisinage et les associations de quartiers ou de village, sans oublier l'engagement bénévole pour la communauté étatique, c'est-à-dire le système de milice au niveau communal et cantonal, dans les administrations ou à l'armée. En font également partie les fondations et les dons faits par les personnes aisées au profit de celles qui sont moins avantagées.
Malgré l'ampleur de cet engagement bénévole, la cohésion peut aussi conduire à l'intervention de l'État. Ainsi, nous avons besoin d'un système de formation solide qui permette à toutes les personnes vivant en Suisse de partir sur de bonnes bases. Il en est de même pour les assurances et l'action sociales: nous voulons aider toutes les personnes en détresse à s'assurer leur existence et à se redresser.
La cohésion est d'ailleurs tout le contraire du socialisme qui sous-entend forcément une redistribution en vue d'un égalitarisme et la nationalisation de sphères de vie entières. La cohésion est une valeur résolument libérale: la volonté de participer à la société de manière bénévole, avec un état svelte qui intervient là où cela est nécessaire pour créer des chances qu'il faudra par la suite concrétiser soi-même.
David Schaffner a raison: les aspects susmentionnés ne s'appliquent à l'activité politique que de manière limitée. Ils sont avant tout la preuve d'une attitude interne fondamentale à laquelle nous faisons appel. On ne peut pas les ordonner par la force, car la solidarité forcée évince même les actes bénévoles décrits ci-dessus, et par là même, l'esprit de cohésion.
Cependant, David Schaffner oublie de dire qu'un parti n'est pas seulement là pour promouvoir le plus grand nombre de lois possibles, mais qu'il doit aussi montrer les limites de l'État, défendre le domaine de la liberté et de la cohésion et créer des conditions-cadres étatiques afin de permettre le développement de ces valeurs. C'est ainsi que nous créerons aussi la place pour la troisième valeur du PLR, en plus de la liberté et de la cohésion: l'innovation.
Publié mardi, le 21 octobre 2014 sur Politblog.