« Il n'y a pas de formule magique »

Le conseiller national Philippe Nantermod à propos des coûts de la santé

La Suisse risque de subir l'année prochaine de douloureuses augmentations des primes d'assurance maladie. Le vice-président du parti et conseiller national Philippe Nantermod explique ce que le PLR entreprend dans ce domaine, pourquoi il faut plus de concurrence et quelle est la responsabilité du ministre de la santé Alain Berset.

En tant que membre de la commission de la santé, le conseiller national Philippe Nantermod s’engage fortement dans le cadre de la politique de la santé. Photo : Désirée Dittes

Devons-nous nous attendre à une nette augmentation des primes l'année prochaine ?
Malheureusement, oui. En rythme annuel, au premier trimestre 2022, les coûts ont augmenté de près de 7%. Ces évolutions se reflèteront inévitablement dans les primes.

Que fait actuellement le Parlement en matière de coûts de la santé ?
Le parlement essaie d’agir, mais les leviers sont difficiles à actionner et les changements législatifs prennent du temps. Concrètement, des modifications législatives ont été adoptées pour réduire le prix des médicaments en facilitant les importations parallèles, pour limiter le coût des interventions médicales grâce à l’introduction des forfaits dans le secteur ambulatoire et par une multitude d’autres mesures pour limiter les coûts, par exemple dans le domaine des analyses.  

Le centre et le PS pensent que leurs initiatives sont la solution. Qu’en penses-tu ?
L’initiative du centre pose le postulat qu’il faut plafonner les coûts, sans dire comment y parvenir. Si on le fait de manière trop rigide, on atteindra l’objectif en rationnant les soins, donc en diminuant la qualité. Si on ne prend pas assez de mesures, on n’y parviendra pas. L’initiative du PS n’a aucun impact sur les coûts, ils l’admettent eux-mêmes : elle ne concerne que la répartition des coûts entre assurés.

Que fait le PLR dans ce domaine ?
C’est moins spectaculaire que des initiatives populaires, mais nos propositions agissent concrètement sur les coûts. Beaucoup de mesures que j’ai citées ci-dessus, concernant les médicaments, les forfaits dans l’ambulatoire ou le prix des analyses, ont été initiées par le PLR. Il n’y a pas UNE formule magique pour limiter les coûts dans la santé, mais une multitude de propositions qui doivent permettre de limiter les hausses.

Des solutions libérales sont-elles appropriées dans le domaine de la santé ?
C’est un choix de société, j’en suis convaincu. Il manque de concurrence dans le secteur de la santé. Une concurrence fondée sur la qualité et sur les prix. Une concurrence qui laisse aux assurés plus de choix de l’étendue de leur assurance. 

Les différents acteurs sont animés par leurs propres intérêts. Où faut-il agir en premier ?
Il est normal que chaque acteur soit animé par ses propres intérêts. On ne doit simplement pas oublier que la LAMal est une assurance sociale, dont le rôle est de financer des prestations au meilleur prix, pas d’assurer les recettes des fournisseurs de prestations. Comme politique, on doit s’assurer que les acteurs soient mis en concurrence.

Dans quelle mesure le ministre de la santé Alain Berset a-t-il une responsabilité ?
Il a la possibilité de proposer de vraies recettes innovantes. Malheureusement, beaucoup de propositions de l’administration sont empruntes d’un étatisme rampant inutile. Ce fut le cas du prix de référence des médicaments, alors que d’autres méthodes fondées sur le libre marché avaient déjà fait leurs preuves dans d’autres secteurs. Je regrette aussi la frilosité du département qui n’ose pas proposer des mesures de rupture.

Comment le PLR peut-il mettre en œuvre ses revendications au Parlement ?
Malheureusement, nous n’avons pas de meilleure solution que celles que nous appliquons, avec des propositions d’amendement des lois apportées par le Conseil fédéral. Et c’est déjà beaucoup.

À quoi ressemblera le système de santé suisse dans dix ans ?
Soit il deviendra plus libéral, fondé sur la responsabilité et la liberté individuelle, soit il sera globalement plus dirigiste et étatiste. Dans un premier cas, il coûtera peut-être globalement plus cher, mais les coûts seront répartis entre les assurés qui le souhaitent, avec une qualité toujours au rendez-vous. Dans le second cas, des économies auront peut-être pu être faites, mais elles l’auront été sur le dos des assurés, donc des malades.

Entretien : Marco Wölfli

Philippe Nantermod