Ebola : oui à des mesures de précaution, non à la panique

 

écrit par Felix Gutzwiller, conseiller aux Etats ZH

20110831

 

Actuellement, plusieurs pays d'Afrique occidentale – en particulier la Guinée, la Sierra Leone, le Liberia, le Sénégal et le Nigeria – sont touchés par l'épidémie Ebola. Selon les chiffres officiels, 9'200 cas de maladie ont été déclarés en octobre 2014. Il faut craindre que la maladie se propage dans les semaines et mois à venir, non seulement aux USA et en Europe, mais également en Suisse. Le danger ne doit pas être sous-estimé.

 

 

 

L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) est conscient du problème. Notre pays est préparé et équipé médicalement en cas d'apparition d'Ebola. Malgré cela, l'UDC réclame un plan de mesures de la part du Conseil fédéral et de l'OFSP. Il veut "interdire" les réfugiés issus des régions où sévit Ebola par un droit de l'état d'urgence ; il devrait être mis en vigueur un moratoire sur l'asile pour les requérants d'asile. Les autres voyageurs en provenance des zones touchées devraient être autorisés à entrer que s'ils peuvent prouver par un certificat médical qu'ils ne sont pas malades.

 

La revendication de l'UDC ne fait pas de sens, et ce sur trois points : Premièrement, selon l'Office fédéral de la santé publique, n'entrent en Suisse que quelques demandeurs d'asile de Guinée, Liberia et Sierra Leone. Deuxièmement, ces personnes se déplacent presque exclusivement par voie terrestre et compte tenu de la longueur du trajet et de la période d'incubation de 21 jours, cela signifie que ces personnes tomberaient malades avant leur arrivée en Suisse. Troisièmement, les certificats médicaux d'Ebola, attestant que les personnes sont en bonne santé, ne sont pas une garantie comme ils ne montrent une infection que si les symptômes sont concrets.

 

En plus, l'UDC veut interdire aux soldats suisses de se rendre dans les pays touchés par la maladie d'Ebola : ceux-ci ne devraient pas être envoyés pour combattre la maladie en Afrique, alors que le Conseil fédéral vient d'annoncer qu'il voulait soutenir la mission de l'ONU avec du matériel mais également avec des hommes. Il convient de noter que : Les soldats mobilisés ne feraient pourtant que transporter du personnel humanitaire, des médicaments et du matériel dans les régions reculées de l'Afrique occidentale – mais pas des gens malades. En outre : les 90 personnes prévues seraient recrutées parmi des bénévoles.

 

Les soldats envoyés seraient soumis à toutes les précautions médicales nécessaires afin de prévenir la propagation d'Ebola dans notre pays. Je considère que cela s'insère dans la tradition humanitaire de notre pays de soutenir ces pays. Mais c'est aussi dans l'intérêt propre de la Suisse : Ainsi, nous contribuons à l'aide internationale contre la propagation de cette épidémie et de plus notre armée acquière une importante expérience dans les opérations à l'étranger. L'UDC, avec ses revendications, se tient une fois de plus à l'écart de telles mesures d'aides, mais est aussi en contradiction avec son propre conseiller fédéral et ministre de la défense, Ueli Maurer.

 

Mais avant tout, cela montre que : L'UDC, qui a rejeté une révision de la loi sur l'épidémie en septembre 2013, crie maintenant pour un plan d'action. Par chance, le peuple s'est décidé clairement pour l'adoption de la loi révisée. Heureusement, les autorités suisses disposent grâce à cela des instruments nécessaires pour coordonner des mesures de lutte contre l'épidémie – au cas où la maladie rejoindrait la Suisse.

 

Publié jeudi, le 23 octobre 2014 sur Politblog.