Trois votes mémorables

 Commençons par ce qui touche les Genevois. Fabienne Fischer, verte-gauche pure et dure, à ce que l’on dit, est élue au Conseil d’Etat. Mais pour deux ans. Il n’en serait pas ainsi s’il n’y avait pas eu l’affaire Maudet. Encore une fois, ne retournons pas les choses, les responsabilités. Elles n’incombent pas aux gens de droite qui , en conscience , ne pouvaient pas réélire ce candidat juste pour voter utile et barrer Fabienne Fischer. D’autres ont fait ce choix. Certains, dont l’auteur de ces lignes, ont voté pour Delphine Bachmann, dont on reparlera à coup sûr.  Dont acte. Il faut cesser avec les accusations réciproques au sujet de l’enfant prodige qui s’est coupé lui-même les ailes et a provoqué un déplorable désordre. Le temps est à l’apaisement et à la reconstruction. Le PLR doit se dégager de l’affaire Maudet et de sa personne. Il doit veiller , son groupe des députés en tête, à neutraliser toute velléité qu’aurait la nouvelle majorité du Gouvernement  d’augmenter les impôts, de créer des taxes, fussent-elles dites incitatives. Il doit être à l’écoute des entreprises et ne pas faire d’écologie contre l’économie mais construire des équilibres. En 2023, le PLR devra présenter deux candidats au Conseil d’Etat hautement crédibles. Il est possible que Pierre Maudet se relance dans la bataille électorale avec des fidèles. Peu importe. le PLR doit rassembler ses adhérents dans un débat d’idées et un engagement clair. Il doit analyser, avec sérieux,  la question des alliances à droite. 

Si Genève a été obnubilé par cette élection partielle, l’essentiel en Suisse s’est passé ailleurs. La crise jurassiennes, qui a éclaté en 1947, est peut être enfin terminée avec le choix de Moutier de quitter le canton de Berne et de rejoindre le Canton du Jura. Cela pourrait clore la procédure des plébiscites en cascade qui a permis la création du Canton du Jura, mais divisé la région géographique et francophone. Certes, dans le sud jurassien, demeurent trois districts toujours attachés au vieux Canton: petit appendice francophone qui s’ajoute à la partie de Bienne francophone. Il n’y a guère de changement en vue de ce côté là . L’affaire jurassienne a enflammé les passions. Mais la Suisse a prouvé une capacité à résoudre une crise grave qui, ailleurs, aurait fait des morts. Dimanche , il y avait du stress dans l’air, mais on n’était plus dans le drame ni dans une ambiance fleurant bon le parfum révolutionnaire; cher naguère à un Roland Béguelin; que nous avions qualifié en 1970 de Saint-Just de Delémont. Un péché de plume d’un très jeune journaliste! Le passage de Moutier d’un canton à l’autre devrait se faire dans le calme. Et ce vote sera inscrit dans les livres d’histoire suisse. 

Enfin, vote historique en Valais. Depuis près de deux siècles, le Canton vivait sous un régime politique: celui installé par les Démocrates-chrétien. Majoritaires au législatif, ils s’assuraient d’avoir la majorité au sein du Conseil d’Etat composé de cinq membres. Eh bien, le valais change. A l’exécutif aussi, la diversité politique se reflètera. Les PDC ne sont plus que deux. les rRadicaux, l’UDC et les Socialistes auront chacun un siège. Ce qui ne change pas c’est la représentation du Haut-valais germanophone qui se garantit deux sièges sur les cinq. Le Valais, un canton comme les autres? A voir tout de même. 

Quel dimanche! Une élection genevoise mémorable, une élection en valais marquant un tournant politique et un vote historique de Moutier qui change de canton. En tout cas un dimanche pas comme les autres, et qui traduit une démocratie solide et souple. 

Jacques-Simon Eggly

Jacques-Simon Eggly