Résister aux attaques contre la liberté d’expression

Saisi s’une pétition , le Conseil administratif de la ville de Genève  ne veut pas qu’une salle soit mise à disposition d’Eric Zemmour, dont la venue pour une prise de parole appuyant la diffusion de son dernier livre est prévue pour le 24 novembre. Le Conseil administratif fait, du même coup, pression sur le Conseil d’Etat afin que le polémiste soit déclaré personna non grata. Espérons que le Gouvernement cantonal résistera à cette pression. Car l’époque appelle à la résistance contre tous ceux qui ne se contentent pas de dénoncer une opinion contraire mais veulent l’excommunier et la réduire au silence. 

Oh que l’on ne vienne pas nous dire que nous avons des complaisances envers l’extrême droite. Nous n’aimons pas Eric Zemmour. Il met le doigt sur des réalités que l’on a trop refusé de voir. Mais la plupart de ses propositions, extrêmes, sont mauvaises sinon inapplicables. Il dénonce les institutions et les compétences de l’Union européenne, alors que tous les pays européens deviendront de petites choses dans le monde si l’UE se dilue.  Reprenons une des dernières phrases politiques de François Mitterrand , —que nous n’aimions pas beaucoup par ailleurs, —<le nationalisme , c’est la guerre>. Et à propos de guerre , son utilisation de Pétain, lui le Juif, pour minimiser la persécution des Juifs par les régimes allemand et de Vichy conjugués est insupportable, Et puis sa récupération de de Gaulle à propos de l’immigration et des Musulmans est insupportable aussi, alors que de Gaulle fut condamné à mort pour avoir appelé à poursuivre la lutte; même si le Général a effectivement dit, à propos d’une Algérie demeurant française qu’il craindrait de voir < Colombey les deux églises devenir avec le temps, démographie aidant, Colombey les deux mosquées> Et puis sa déclaration au sujet  de la tragédie du Bataclan était  indécente et très choquante. Bref, en un mot comme en cent, si nous étions français, nous appellerions très fortement à ne pas voter Zemmour. 
En revanche, de quel droit les bien pensants veulent-ils l’interdire de parole, de séjour? Qui sont ces nouveaux inquisiteurs de la bonne pensée? Jusqu’où veulent-ils nous amener? Sait-on que, dans certaines universités et bibliothèques américaines, des ouvrages historiques ne reflétant pas la vision accusatrice actuelle du passé sont interdits de consultation. Pire, dans certains cas, ces ouvrages dénoncés ont été brûlés publiquement. Cela ne vous rappelle rien? Il y a des documents filmés sur ce genre de choses en Allemagne, en 1933. Nous ne faisons pas ici d’amalgame. Mais il y a une pente bien pensante nocive et toxique. Cela contredit nos démocraties qui impliquent le débat contradictoire  admis et assumé. Quand les universités prônent la pensée unique, il y a péril en la demeure. La liberté d’expression est cruciale. Elle n’est pas sans limite. le Code pénal  , par exemple, interdit ne nier le génocide juif, ou de tenir des propos directement racistes. Mais si l’on ose plus dire que l’immigration en nombre et la difficulté de nombre de Musulmans à intérioriser les valeurs de laïcité sont un danger pour l’avenir des équilibres sociologiques, culturels et démographiques en Europe,-.-Suisse comprise—, alors c’est que nos démocraties pour lesquelles tans de gens se sont battus, sont morts a de nouveau mal aux pieds. 

De plus en plus de gens, surtout de gauche, appellent à réduire le plus possible la liberté d’expression. Il est temps que d’autres personnes, notamment des intellectuels non formatés idéologiquement, appellent sérieusement à la résistance contre cette tendance sournoise et funeste. Eric Zemmour n’est pas notre tasse de thé. Vraiment pas. Mais, avec les mânes de Voltaire, nous résisterons à ceux qui, en d’autres temps mais tels qu’ils fonctionnent intimement, l’enverraient bien au bûcher. Oui, résistons aux Torquemada en baskets et aux Talibans inversés qui comment à fleurir un peu trop sous nos latitudes. 

 

Jacques-Simon Eggly

Jacques-Simon Eggly