Libertés neuchâteloises - Population, développement économique et émissions CO2

Avec la crise de la Covid-19 et le ralentissement économique et social induit, les émissions de CO2 ont diminuées. Devons-nous pour autant nous tourner vers une culture de la renonciation et de l’interdit que nous avons pu expérimenter ces derniers mois ?

Afin de décomposer la problématique des émissions de CO2 en sous-catégories, considérerons l’approche schématique de l’identité de Kaya :

CO2=Population×PIB/Population×Energie/PIB×CO2/Energie

Autrement dit, les émissions anthropiques de CO2 sont décomposées comme facteur de la population, du PIB par habitant, de l’intensité énergétique du PIB (consommation d’énergie par CHF produit) et du contenu en CO2 de l’énergie. De 1990 à 2018, nous obtenons -14% de gaz à effet de serre rejetés annuellement, décomposés de la manière suivante : population + 27%, PIB réel par habitant +23%, intensité énergétique -36% et contenu en CO2 de l’énergie -15%. Comme nous le savons, la population n’est pas amenée à décroitre dans le futur (+23% prévus en 2050). Ainsi, pour conserver notre prospérité économique tout en réduisant nos émissions de CO2, il convient d’agir sur les deux derniers facteurs de l’identité : produire avec moins d’énergie et avec une énergie plus propre. Et le défi est de taille !

Décroissance ? Oui, celle de notre consommation d’énergie fossile. Un prix du carbone croissant dans le temps permet de cibler un tel résultat, en limitant les dégâts économiques et sociaux. Un tel système n’est toutefois efficace qu’avec un prix du carbone incitatif et généralisé au niveau mondial afin d’étendre le concept de « pollueur-payeur » et d’éviter ainsi que les économies de CO2 réalisées par un pays ne soient gommées par un autre.

L’électrification croissante de la consommation d’énergie dans le futur (mobilité, chaleur, …) nécessite un développement massif des énergies renouvelables. Avec le démantèlement annoncé des centrales nucléaires, il s’agit aujourd’hui de remplacer cette production, avec un défi de taille en hiver. L’éolien, qui produit deux tiers de son énergie en hiver, et le solaire, qui produit deux tiers de son énergie en été, se complètent très bien et sont amenés à jouer un rôle majeur dans la production électrique suisse. Les investissements massifs dans ces énergies au niveau mondial ont fait fortement baisser leur prix. Si aujourd’hui, des aides sont encore nécessaires pour permettre aux énergies renouvelables de gagner des parts de marché, l’accroissement attendu de prix des émissions CO2 sur les marchés européens contribuera à renchérir le prix de l’électricité, renforçant ainsi la compétitivité du courant vert.

En termes d’intensité énergétique, les progrès réalisés en Suisse sont importants (même si ceux-ci sont à nuancer par l’importation croissante de biens produits à l’étranger). Ces résultats sont le fruit d’une prise de conscience des entreprises et de justes mesures incitatives des pouvoirs publics, une évolution qui sur le long terme permet de réduit notre consommation d’énergie tout en poursuivant le développement économique. Une démonstration de durabilité environnementale, économique et sociale ! Redoublons d’efforts pour permettre aux générations actuelles et futures de répondre à leurs besoins !

Raphaël Geiser, Président du PLR Val-de-Ruz

Val-de-Ruz, le 17 août 2020