« Les rencontres personnelles avant tout »

Le 2 octobre, les délégués éliront le successeur de la présidente du parti, Petra Gössi. Dans une interview, elle parle des joies et des contraintes liées à la fonction. Elle explique également en quoi le débat démocratique est positif.

Légende : La présidente du PLR Petra Gössi s'adresse aux délégués lors de l’Assemblées des délégués de Martigny en juin dernier. Photo : Désirée Dittes

Tu as été élue présidente du PLR en avril 2016. Quels étaient tes attentes et objectifs lorsque tu es entrée en fonction ?
Je voulais, ensemble avec la base du parti, façonner et atteindre nos objectifs. Il était important pour moi d'avoir des échanges enrichissants avec les membres, et ça a clairement été le cas. À deux reprises, nous avons d’ailleurs pu recueillir l’opinion de notre base grâce aux sondages que nous avons menés. C’est un aspect primordial à mes yeux. Je souhaiterais que cet échange – qui s’est intensifié à l’interne du parti ces dernières années – se poursuive à l’avenir. Les Assemblées des délégués ont été rythmées par de vifs débats et de nombreuses demandes ont été déposées. Cela a notamment eu lieu au sujet de la politique environnementale et climatique. Le parti vit grâce à de telles discussions.

Qu’est-ce tu n’as pas pu réaliser comme tu l’aurais souhaité ?
Malheureusement, il n'a pas été possible de faire aboutir une réforme durable du système des retraites. De mon point de vue, la prévoyance vieillesse est l’un des défis les plus urgents, et je suis heureuse que la question soit mise sur le devant de la scène grâce à l’initiative des Jeunes Libéraux-Radicaux Suisse et aux efforts déployés au Parlement. Nous n’avons pas non plus réussi à élaborer un papier de position sur la politique de sécurité, notamment dans la perspective de l’achat de nouveaux avions de combat. Sur ces thématiques, nous devons encore avancer.

Quels aspects de la fonction t’ont surpris ?
En théorie, vous êtes conscient que la fonction impose des contraintes temporelles, mais vous ne les ressentez que lorsque vous êtes dans le feu de l'action. Devoir constamment être disponible pour répondre aux médias par exemple nécessite beaucoup de temps. Ce n'était pas surprenant, mais néanmoins intense. Ce qui m'a surprise en bien, c'est l'énergie que l'on ressent en interagissant avec les gens. J'ai énormément apprécié les innombrables – et fascinantes – rencontres. Il est dommage que la pandémie les ait considérablement limitées. Les échanges numériques fonctionnent pour le transfert d'informations, mais pas pour faire avancer les choses.

Qu’est-ce qui t’a particulièrement marquée lors de tes nombreuses rencontres ?
Vivre l’expérience de la diversité de la Suisse a été très enrichissant, que ce soit au niveau des différences, mais aussi des similitudes. J'ai remarqué que les Suissesses et les Suisses sont extrêmement fiers de leur lieu d'origine, qu’ils viennent du Jura, du Tessin ou d’Appenzell Rhodes-Extérieures. J’ai découvert avec un grand plaisir de nombreuses traditions et coutumes. J’ai particulièrement aimé aller à la rencontre des gens. Mon seul regret est de n'avoir jamais assisté à une Landsgemeinde.

La fonction de présidente de parti est très intense, et en même temps, tu as une vie professionnelle et privée à côté de la politique. Comment as-tu géré cet exercice d'équilibriste ?
C'est une question d'organisation. Il faut être conscient que nous vivons dans un système de milice. Il était important à mes yeux de ne pas gagner ma vie avec la politique et de préserver mon indépendance. C'est la raison pour laquelle, après 5 et demi, le moment est venu pour moi de remettre la présidence et de me réorienter. Mais fondamentalement, si vous aimez ce que vous faites et que vous décidez consciemment de le faire, l’équilibre vient par lui-même.

Tu es allée à la rencontre d'innombrables sections au cours des cinq dernières années. Quel genre de PLR as-tu rencontré ?
Les membres de notre parti sont animés par la liberté et aiment s'engager. Ils veulent être écoutés, impliqués concrètement dans le parti et avoir leur mot à dire. C'était clairement perceptible partout. Les Libéraux-Radicaux prennent leurs responsabilités, mais ils attendent aussi des autres qu'ils fassent de même. Les nombreux événements ont donné lieu à des échanges passionnants sur des idées et des visions, mais aussi sur des questions de la vie quotidienne.

Le PLR a une culture de la discussion qui lui est propre. Comment en tirer profit de manière positive ?
Les médias aiment exposer les désaccords internes des partis. Il est plus facile pour eux de parler négativement du parti si nous alimentons le débat sur la place publique. Dès lors, il est important que les décisions de la majorité soient acceptées et qu’elles soient respectées par toutes et tous. En fin de compte, tous nos organes sont impliqués dans le processus de décision. Il est également important que nos représentants portent les décisions jusqu'au niveau des partis locaux et présentent nos arguments. Sur ce point, nous avons encore une marge de progression.

Est-il particulièrement difficile pour le PLR de vendre ses propres positions ?
Le PLR n’est pas un parti qui se trouvent aux extrémités de l’échiquier politique. Nous sommes sans cesse à la recherche de solutions et de compromis pour le bien de notre pays. Il est important que nous poursuivions notre travail de communication afin que nos positions parviennent à tous nos membres. Nous avons déjà renforcé ce point au cours des dernières années, mais une amélioration est encore possible.

De nombreuses femmes, en particulier, ont déploré ton retrait de la présidence. Cela t’a-t-il surpris ?
Je ne l'ai pas perçu aussi clairement. Mais cela ne me surprend pas car la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter et moi-même sommes deux figures de proue bien connues. Les modèles sont importants et les femmes craignent peut-être qu’elles ne soient plus représentées au sein de notre parti. Mais le PLR est bien positionné. Nous avons une excellente conseillère fédérale en la personne de Karin Keller-Sutter et une secrétaire générale en la personne de Fanny Noghero. Quoi qu’il en soit, le signal le plus fort est lorsque des femmes occupent naturellement des positions dirigeantes. Nous aurons ainsi aussi plus de femmes sur nos listes et au sein de nos différents organes.

Quel impact aura une nouvelle présidence sur les positions du PLR ?
Il est clair que la personne qui me succédera aura sa propre personnalité. En ce qui concerne le positionnement politique, ce n'est pas la présidence qui décide, mais les délégués. Ceux-ci ne changent pas avec une nouvelle présidence, et donc les positions précédentes non plus. Il me tient à cœur que la diversité des sujets abordés par le PLR soit maintenue. Ce n’est d’ailleurs pas parce que nous nous engageons évidemment pour nos thèmes phares que nous devons négliger d'autres questions.

Qu'est-ce qui va te manquer ?
Le fait d'être en première ligne dans les affaires du parti et le contact permanent avec nos membres.

Qu'est-ce qui ne te manquera pas ?
Le besoin d’être constamment disponible pour les médias. Je me réjouis impatiemment des week-ends de détente où je n’aurai plus besoin d’être nécessairement joignable.

Le 2 octobre, la personne qui te succédera sera élue. Quel conseil lui donnerais-tu ?
De rester authentique et fidèle à elle-même. De défendre le parti avec feu et de se battre pour ses propres convictions. Et, bien sûr, ne pas se laisser atteindre par les critiques des médias. Il est également important de s'entourer d'une bonne équipe.

Que souhaites-tu laisser à la famille PLR ?
Nous avons maintenant deux années pour nous nous engager avec conviction en vue des élections fédérales. C’est à cela, que nous sortir vainqueur le 22 octobre 2023 Nous devons être prêts à nous mobiliser et à lutter ensemble pour notre cause. Nous avons cette opportunité entre nos mains et pouvons façonner notre avenir.

Interview : Marco Wölfli