LES PIEDS DANS LA TERRE

Article de Mary-Claude Fallet pour l'édition de Libertés neuchâteloises du 4 octobre 2019, au sujet de l’emploi des pesticides dans l’agriculture

Actuellement, l’emploi des pesticides dans l’agriculture est fortement remis en question. La Confédération reconnaît des problèmes dans son système d’autorisation de ces produits. On n’en doute pas : il faut évaluer objectivement leur dangerosité et rechercher de nouvelles manières de faire plus naturelles, sans toutefois tomber dans l’intégrisme ni bannir systématiquement tous les produits du jour au lendemain.

En ce qui concerne l’agriculture, laisser la nature faire sans aucune aide nous rappelle rapidement qu’il n’est pas certain qu’on aboutisse à une récolte.  Pour un jardin potager, destiné à alimenter la famille, cela ne pose pas de problème : sans rendement, les jardiniers amateurs pourront toujours se rendre au magasin pour compléter leur panier !

Et même si, après les semis, leur enthousiasme diminue au fil des semaines, s‘ils négligent ou abandonnent leurs plantations, cela n’aura pas de graves conséquences.

En effet, les travaux exigeants ne tarderont pas : sarcler, désherber, etc. Puis viennent les chaleurs estivales et souvent la sécheresse. Il va falloir arroser régulièrement, sinon adieu veaux, vaches, cochons, couvées…

Enfin, le temps de la récolte ! Là encore, la nature n’attend pas : c’est elle qui  choisit quand nous devrons cueillir, nettoyer, préparer les légumes et les fruits pour les repas et les conserves, et il faudra peut-être renoncer à un loisir si l’on veut savourer plus tard les produits de son jardin.

Pour les agriculteurs,  qui ont la tâche d’approvisionner la population suisse, c’est une autre paire de manches ! Ils dépendent totalement de la productivité de leur travail.

En ce qui concerne la culture des pommes de terre, par exemple, s’ils doivent renoncer à tout traitement de produits pesticides sans alternatives concrètes plus naturelles, la Suisse devrait en importer encore plus de tonnes, qui seraient traitées sans aucun doute plus que celles produites dans notre pays.

Pour ne citer qu’une maladie parmi d’autres pouvant affecter ce tubercule, le mildiou (champignon qui provoque de la pourriture) a engendré des famines par le passé. Un fongicide permet maintenant d’y remédier, pour le moment.

Au temps de nos parents, les élèves se rendaient dans les champs de pommes de terre durant le temps scolaire pour ramasser les doryphores (ravageurs qui se propagent par temps sec et chaud), qui étaient ensuite détruits. Actuellement, comment combattre ces ravageurs sans pesticide ?

A mon sens, il est indispensable de rechercher d’autres méthodes moins nuisibles que les traitements à base de fongicides et d’insecticides et de légiférer sur leur emploi. Cependant, il faut tout de même reconnaître que ces produits nous ont permis d’avoir de meilleures récoltes et des rendements plus réguliers dans notre pays qu’il y a un siècle.

Avant de dénigrer purement et simplement les méthodes actuelles, j’enjoins ceux qui en ont la possibilité à cultiver leur coin de pelouse pour obtenir ne serait-ce que quelques tomates ! Le consommateur a aussi une responsabilité lors de l’achat de ses fruits et légumes, selon leur provenance.  

En conclusion, tout l’amour que l’on peut porter à la nature et à sa défense ne doit pas nous faire oublier le travail des agriculteurs et les enjeux qui se cachent derrière chaque récolte.