Le glissement à droite, un mythe alimenté par la campagne électorale de la gauche

Depuis le début de cette législature, nous ne cessons d'entendre parler du glissement à droite, une rumeur alimentée par le PS dans le cadre de sa campagne électorale. La majorité de droite au Parlement, formée par le PLR et l'UDC, n’aurait eu de cesse de défendre son programme antisocial, bloquant ainsi toutes les réformes, au détriment de la Suisse et de ses habitants. Mais dès les premiers bilans sur les votes, en milieu de législature, il s’est avéré qu’il s’agissait en fait d’un mythe. Malgré ces faits, le président du PS, Christian Levrat, continue de faire allusion à ce glissement à droite. Un mythe qui se démonte facilement au travers de deux analyses.

Il y a-t-il vraiment eu un glissement à droite ?

La majorité de droite formée par le PLR et l’UDC est purement théorique, puisqu’elle ne tient qu’à une seule voix (101). De surcroît, il ne faut pas perdre de vue que l’Assemblée fédérale est composée d’une seconde chambre, le Conseil des Etats, ce qui fait du glissement à droite un vrai mythe.  En effet, la chambre des cantons prend beaucoup moins de décisions guidées par les appartenances politiques et le PDC et le PS y forment, souvent, une coalition majoritaire. Il serait donc très surprenant que le PLR et l’UDC puissent dicter, seuls, l’ordre du jour du Parlement. 
Une récente enquête du Tagesanzeiger confirme ces faits. La majorité formée par le PLR et l’UDC au Conseil national n'a pu s'imposer que dans 6 des 540 votes globaux et finaux. Ce qui signifie que les accusations du PS sur ce point ne tiennent pas. Cela confirme, toutefois, une réalité bien plus importante : au cours de cette 50e législature, le PLR, comme de coutume, a su trouver des majorités avec des alliés variant en fonction des dossiers. 
L'alliance de droite entre le PLR et l'UDC, tant redoutée par la gauche, n'a fonctionné, dans le cadre de projets importants, qu’avec la réforme de l'imposition des sociétés III (RIE III), qui n’a cependant pas obtenu la majorité devant le peuple par la suite. Au contraire, PLR et UDC sont partis seuls en campagne contre AVS2020, qui avait obtenu la majorité du bloc allant du PDC aux Verts, et ont été suivis par le peuple, qui a rejeté le projet dans les urnes.
Une impressionnante majorité des quatre partis représentés au Conseil fédéral, coordonnée par le PLR, a aidé le Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA) à trouver une solution de financement illimité pour l'infrastructure routière, si importante en Suisse.
Dans les domaines de la migration et de l'Europe en particulier, le PLR trouve généralement des majorités avec le PDC et le PS. Ce n'est que de cette manière qu'il a été possible, par exemple, de parvenir à un accord pour la mise en œuvre de l'initiative relative à l'immigration de masse qui soit conforme aux accords bilatéraux.

La politique est-elle devenue impossible à réformer et antisociale ?
L’autre angle d’attaque avec lequel la gauche nourrit ses déclarations alarmistes quant à la constitution du parlement relève également du mythe. Ainsi, l’analyse des actes législatifs dit déjà tout autre chose. Si on examine les lois adoptées au cours des trois dernières législatures, on se rend rapidement compte qu’au cours de la législature actuelle, la diminution du nombre de lois adoptées est insignifiante. Jusqu'à la fin de cette législature, la différence sera encore plus faible. Il n'y a donc aucun signe d'incapacité à réformer. En outre, le nombre de projets de loi rejetés n'est que faiblement supérieur à celui des législatures précédentes et représente tout au plus 9 % de l'ensemble des textes législatifs.

En plus de ce constat chiffré, la thèse du PS peut également être réfutée par des arguments qualitatifs. C'est ce qu'illustre l'exemple de l'échec de RIE III.  Au lendemain du vote, le Parlement s'est réuni et a cherché une solution susceptible de recueillir une majorité. Avec la proposition de RFFA, qui a été clairement acceptée par la population cette année, un compromis typiquement suisse a été trouvé. A l'exception de l'UDC, tous les partis ont fait des concessions pour que la Suisse puisse avancer dans deux dossiers absolument cruciaux. D'une part, l'imposition des sociétés a finalement été mise en conformité avec les normes internationales, assurant ainsi d'importantes recettes fiscales. D'autre part, l'AVS a bénéficié d'un soutien financier pour une phase transitoire afin de gagner du temps en vue d’entreprendre des réformes de plus grande envergure.

Relever les importants défis de l'avenir
La conclusion est donc claire : l’histoire racontée par tonton Levrat n’est qu’un mythe. Il n'y a pas eu plus de glissement vers la droite, qu’une incapacité à réformer, ou le développement d’une politique antisociale. Le PLR respecte la concordance helvétique et préconise des compromis ciblés afin que la Suisse puisse demeurer prospère. Les camarades du PS auraient tout intérêt à suivre cette voie plutôt que de se laisser mener à la baguette par les syndicats ou la Jeunesse socialiste. D’importants défis, tels que la réforme de la prévoyance vieillesse, la lutte contre l'initiative de limitation ou la révision totale de la loi sur le CO2, nous attendent dans un avenir proche. La Suisse ne peut tout simplement pas se permettre d'errer dans la forêt des mythes pour l'éternité. Nous devons relever, ensemble, les importants défis de demain !