Notre sécurité a un nom : Schengen / Dublin

Que ce soit en tant que conseiller d’État en charge de la sécurité à Genève, canton frontalier avec 100 kilomètres de frontière commune avec la France, mais aussi et surtout en tant que président de la conférence latine des Chefs des Départements de justice et police. Je constate au quotidien à quel point les accords de Schengen/Dublin sont d'une importance capitale pour la sécurité de notre pays

Si certains pensent que quitter Schengen/Dublin est un préalable nécessaire au rétablissement d'une souveraineté qui ne serait que de façade, ainsi que de retrouver une sécurité passée, je prétends que rien n'est plus faux. En effet, cette décision serait contre-productive à moins de construire un mur tout le long de la frontière. A plus forte raison qu'elle ferait de notre pays le ventre mou de l'Europe en matière de sécurité publique. Un comble.

« Quitter Schengen/Dublin ? Une décision contre-productive, à 
moins de construire un mur tout le long de la frontière »

En effet, les avantages des accords de Schengen/Dublin sont de loin supérieurs aux inconvénients. Des exemples? En matière de sécurité, les banques de données SIS, VIS et Eurodac qui permettent une coopération policière au niveau européen et évitent à notre pays de devenir la base arrière de la criminalité. En matière d'asile, le fait qu'un requérant ne peut déposer qu’une seule et unique demande d’asile à l’intérieur de ce qui constitue l'Espace Dublin, empêchant ainsi notre pays d'être un recours lorsqu'un de nos voisins refuse d'accorder l'asile à un requérant. Bref, ces accords nous évitent d'être sourds et aveugles sur la gestion des flux migratoires mais aussi et surtout en matière de lutte contre le terrorisme.


Economiquement essentiels 

La question du coût économique se pose également. Pour rappel, le Conseil Fédéral a récemment relevé  que le retrait de la Suisse de ces accords engendrerait à l'horizon 2030 une perte de revenu annuelle située entre 4,7 et 10,7 milliards de francs pour l’économie suisse, ce qui correspond à une baisse de 1,6% à 3,7% du PIB. Ainsi que des coûts annuels supplémentaires estimés entre 400 et 500 millions de francs sans garantie d'un meilleur résultat.

De la même manière que la libre-circulation des biens et des personnes engendre accessoirement des impairs négatifs, que nous devons corriger à travers les mesures d'accompagnements, les accords de Schengen/Dublin en amènent également. Ils sont cependant bien moindres que leurs aspects positifs qui font que notre pays est aujourd'hui un îlot de prospérité en Europe.

Pour un pays stable et prospère

La meilleure réponse que nous pouvons donner à cela est le renforcement des effectifs et des moyens du corps des gardes-frontières, ainsi qu'améliorer la coopération entre les différentes forces de sécurité de notre pays. Ce n'est qu'à ce prix que nous parviendrons à conserver à notre pays la stabilité, la tranquillité et la qualité de vie que le monde entier nous envie.